Home >> Blog >> Retour sur le Swiss IT Forum(s) 2024

Retour sur le Swiss IT Forum(s) 2024

07 octobre 2024

Thématique Green IT

Par Vincent Loiseau.

Introduction

Cette année, j’ai eu l’occasion d’aller au Swiss IT forum afin de rencontrer les acteurs de Suisse romande sur le Green IT. Et j’avoue qu’une table ronde sur l’intelligence artificielle et son impact éthique et environnemental dans les organisations m’a aussi fortement alléché.

C’est donc une belle occasion pour moi de vous partager les conférences auxquelles j’ai pu assister. Ce forum s’est déroulé sur deux jours, respectivement les 26 et 27 septembre 2024.

Plusieurs formats de conférence étaient au menu: Démonstration (20 minutes), Atelier (20 minutes), Conférence (40 minutes), Table ronde (60 minutes).

Dans la suite de l’article je vous partage un résumé des principaux messages passés lors de ces conférences.

Démonstrations

Resilio – Resilio Tech

Démonstration de Resilio Tech par Amael Parreaux-Ey (Resilio)
Resilio est une spinoff de l’EPFL, fortement inspirée par le collectif GreenIT.fr

Image Demo Resilio

Au lieu de simplement nous faire une démonstration de l’outil Resilio tech, Amael nous a recontextualisé la raison du bilan carbone et pourquoi il fallait le dépasser, en partant des 9 limites planétaires, dont 6 sont malheureusement déjà dépassées…

Amael rappelle qu’il existe 3 réglementations prioritaires pour le numérique, qui vont régir la déclaration environnementale des entreprises, que ce soit pour ses produits, ses activités et ses fournisseurs:

  • Le devoir de vigilance issu de la CSDDD (Corporate Sustainability, Due Diligence Directive) imposant aux grandes entreprises et à leurs partenaires commerciaux de prévenir, stopper ou atténuer l’impact négatif de leurs activités sur les droits humains et l’environnement à partir de 2025-2026.
  • L’empreinte d’une entreprise issue de la CSRD (Corporate Sustanaibility Reporting Directive) imposant aux entreprises et aux institutions de fournir dès 2025 un reporting extra-financier uniformisé sur 10 standards (changement climatique, pollution, eau et ressources marines, biodiversité et écosystèmes, utilisation des ressources et économie circulaire, effectifs humains, travailleurs dans la chaîne de valeur, communautés touchées, consommateurs et utilisateurs finaux, conduite des affaires)
  • L’empreinte d’un produit issu du Green claims voté en avril 2024 visant à empêcher l’écoblanchissement (ou greenwashing) et de permettre aux consommateurs de prendre des décisions d’achat en toute connaissance de cause.
Normes thématiques de la CSRD

Le bilan Carbone ne couvre que le standard du changement climatique. Une ACV (Analyse de Cycle Vie) quant à elle est une méthode holistique couvrant les 5 premiers standards, relatif à l’environnement.

Il est vrai qu’en France, que ce soit les politiques ou les médias, ils ne parlent que de changement climatique et omettent les 8 autres limites planétaires. Cela ne facilite pas la compréhension des réglementations et l’adoption des contraintes associées.

Amael présente ensuite la démarche globale d’une ACV par Resilio, qui se découpe en 4 étapes:

  • Préparer: définition de périmètre de l’étude et préparation
  • Réaliser: collecte des données d’inventaire physique et évaluation de la maturité de l’organisation via une revue des bonnes pratiques
  • Valider: organiser les données collectées, valider l’inventaire et vérifier la cohérence des données, puis calculer l’empreinte et la maturité.
  • Agir: faire le bilan en termes d’inventaire, empreinte et maturité, faire le benchmark de l’empreinte par rapport à la moyenne des entreprises déjà étudiées, faire les recommandations pour bâtir le plan d’actions, présenter les résultat à l’équipe projet, puis simuler les actions du plan.

Personnellement je trouve qu’il manque un point à cette démarche décrite: la sensibilisation des collaborateurs sur le numérique responsable, afin de faciliter et dédiaboliser la récolte des données et la mise en action une fois le plan établi.
Connaissant Resilio, je sais que cet aspect est aussi couvert dans leur démarche, et brillamment avec Céline Carle-Faye, responsable formation et gamification chez Resilio.

Une fois ce contexte décris, Amael nous a présenté quelques captures d’écran de l’outil Resilio tech, et notamment :

  • la supervision de l’inventaire;
  • la collecte de l’inventaire, pouvant se faire en important le fichier d’export d’une CMDB, en saisissant les caractéristiques techniques des équipements (stockage, mémoire, …) ou en saisissant la référence des équipements;
  • La collecte des informations nécessaires à l’évaluation de la maturité de l’organisation.
  • Les tableaux de bord personnalisables

Pour finir, lors de la séance de Q/R, une question fort intéressante a été posé sur la réglementation suisse: quelle réglementation et pour quand? Amael nous a annoncé que le conseil fédéral a lancé une mise en consultation cet été afin d’avoir une loi fédérale alignée complètement à la loi européenne d’ici 2 à 2,5 ans. C’est donc pour demain!

MIKUJY – CircularIT

Démonstration de CircularIT par Ivan Mariblanca Flinch (MIKUJY)
MIKUJI, anciennement Canopé, basée à Neuchatel, et intimement liée à l’association du numérique responsable Suisse ISIT-CH dont Ivan est le responsable du comité scientifique.

Image Demo Mikujy

Avant de présenter son entreprise, Ivan commence directement par une question choc:

« Savez-vous combien de temps faut-il en moyenne pour que l’empreinte carbone de l’utilisation d’un smartphone soit égale a l’empreinte carbone de sa construction? 346 ans! »

-Ivan Mariblanca Flinch

Il nous invite ainsi à réfléchir à notre consommation irraisonnée de matériel électronique. Et si nous essayons d’allonger la durée de vie de nos équipements en remplaçant des achats neufs par des achats reconditionnés, en donnant nos anciens équipements toujours fonctionnels à des proches ou des personnes dans le besoin?

Après cette question choc, Ivan nous a présenté son entreprise, MIKUJY, et notamment sa mission :

« Nous mesurons et aidons les entreprises à réduire l’empreinte carbone de leur système d’information et les accompagnons tout au long de leur parcours numérique durable. »

La particularité de MIKUJY est qu’elle est la première entreprise suisse à offrir une solution tout-en-un avec:

  • une évaluation de l’empreinte de l’IT sur les 8 indicateurs environnementaux mesurables et la maturité des organisations par rapport aux pratiques de numérique responsable;
  • La création de stratégie;
  • La création de plans d’actions;
  • La gestion du changement, en favorisant la prise de conscience des collaborateurs via des ateliers agrémentés de vidéos didactiques et des jeux faisant appels à l’intelligence collective
  • La formation certifiante des employés;
  • Et la certification en matière du numérique responsable

MIKUJY est la seule entreprise à certifier les organisations au numérique responsable suisse (label NR de l’association ISIT-CH).

Pour soutenir les activités de MIKUJI, Ivan nous a introduit les différents modules de la plateforme web CircularIT.

MeasureIT

Ce 1er module a pour objectif d’aider les entreprises à mesurer l’empreinte environnementale de leur système d’information avec la méthode de l’Analyse de Cycle de Vie.
Là aussi la solution semble permettre une collecte facile de l’inventaire, manuellement ou bien automatiquement via la fourniture d’API. L’interface très bien pensée et léchée de CircularIT met bien en valeur la visualisation des rapports de données et la comparaison avec les autres entreprises déjà étudiées.

Grâce aux subventions de l’OFEV, MIKUJY est en capacité de faire une évaluation de l’empreinte environnementale de votre SI et une comparaison avec celle de vos pairs, tout cela sans frais de votre part! Contactez-les!

PredictIT

Ce module simule la future empreinte IT et fournit des conseils pour des décisions optimales. Cela modélise l’évolution de l’empreinte environnementale d’un SI en réponse par exemple à l’évolution de la durée de vie et de la quantité des appareils. Cela facilite grandement la prise de décisions sur la sélection des actions les plus pertinentes à mettre en œuvre.

Principales ambitions:

  • Anticiper l’empreinte numérique;
  • Optimiser les actifs numériques et réduire les coûts;
  • Aligner les objectifs IT avec les objectifs environnementaux;
  • Simplifier la prise de décision stratégique;
  • Améliorer la transparence et la prédictibilité.

ImplementIT

La mise en œuvre d’une stratégie numérique responsable adaptée est cruciale pour baisser significativement l’impact environnemental du numérique. Ce module fournit, à chaque département, ses actions concrètes à mettre en œuvre, facilitant et accélérant ainsi l’adoption et le déploiement de la stratégie de numérique responsable.

Principales ambitions:

  • Prioriser les actions en fonction de la maturité d’une organisation;
  • Implémenter des objectifs SMART;
  • Suivre en direct l’évolution de la maturité d’une organisation, par département;
  • Produire le rapport d’état d’avancement de la stratégie

GameIT

Ce dernier module a pour objectif d’encourager les employés dans une transition vers un numérique responsable en s’amusant par l’apprentissage et la participation à des jeux interactifs.

Principales ambitions:

  • Des défis amusants et rentables
  • Impliquer les employés dans la stratégie numérique responsable
  • Fournir plus de 50 actions à implémenter
  • Identifier les ambassadeurs

Ivan nous dévoile la mise à disposition d’une fonctionnalité majeure pour une prochaine version de CircularIT: mesurer l’impact du « Machine Learning », champ d’étude de l’intelligence artificielle visant à donner aux machines la capacité d’apprendre à partir de données et de modèles mathématiques.

Atelier Fresque du numérique

Démo Fresque du numérique

Atelier animé par Céline Carle-Faye (Resilio), référente de la fresque du numérique en Suisse, et Laurent Puijalon (Redsen Consulting).

La Fresque du Numérique est un atelier ludique et collaboratif d’une demi-journée avec une pédagogie similaire à celle de La Fresque du Climat. Le but de ce « serious game » est de sensibiliser et former les participant·es aux enjeux environnementaux du numérique.

Céline a relevé le challenge de nous introduire l’atelier en 20 minutes, chronomètre en main!
Après une brève explication d’où venait la fresque du numérique, son format et son but, Céline et XXX nous ont positionné autour d’une table pour amorcer la 1ere étape d’une fresque du numérique : la compréhension du sujet. Pour cela le groupe de participants devait lire à voix haute et intelligible sa ou ses cartes. Ensuite le groupe devait lier les cartes entre elles en fonction des liens de dépendances entre ces cartes.

Les cartes de départ étaient :

  • « Partager et apprendre »,
  • « communiquer »,
  • « jouer et se divertir ».

Nous devions ensuite positionner/lier des cartes du style :

  • « Cloud & Data centers »,
  • « WiFi, 4G/5G, réseaux »,
  • « sac à dos écologique »,
  • « Utiliser une console, un smartphone, un ordinateur »,
  • « Consommation d’électricité »,
  • « Utilisation d’internet »,
  • « Consommation d’énergie fossile »

Chaque carte comportait une explication sur l’impact qu’elle a sur l’environnement.

Atelier Fresque du numérique

Le temps étant très limité, Céline et XXX nous ont ensuite simplement expliqué rapidement les 3 autres étapes d’une fresque du numérique, à savoir:

  • La phase de créativité pendant laquelle les participants illustrent leurs propos et les messages qu’ils ont retenus
  • La phase de restitution où chaque groupe présente sa fresque aux autres groupes
  • La phase de mise en action qui permet de classer les actions selon deux axes: la facilité d’implémentation et l’importance de l’impact. Cette structuration des actions permet aux groupes d’identifier rapidement les quick-wins à implémenter (fort impact & grande facilité de mise en oeuvre)

Pour en savoir plus sur la fresque du numérique, je vous encourage à consulter le site officiel de l’association .

Merci aux animateurs d’avoir relevé ce challenge de nous présenter la démarche d’une fresque du numérique en 20 minutes. Cela donne envie d’essayer!

Tables rondes

Environnement, éthique et intelligence articifielle

Table ronde animée par Delphine Seitiée (Alp ICT) avec Florian Revaz (ISIT-CH), Laura Tocmacov (ImpactIA) et Sylvain Rossy (AI Swiss)

Photo table ronde IA

IA et environnement

Sans introduction préalable Delphine s’est tournée vers Florian pour lui poser directement LA question qui brûlait les lèvres de tout le monde: pourquoi l’Intellligence Artificielle est-elle si polluante? Florian explique d’abord que l’IA a des besoins en matériel et en infrastructure. En effet la puissance de calcul nécessaire pour entraîner les machines sur les modèles mathématiques est juste phénoménale. Le besoin est tel que les grands constructeurs comme NVidia innovent à une vitesse frénétique pour amener plus de puissance de calcul. Cela a un prix écologique: impact sur les matières premières qu’on extrait du sol, sur l’eau et les énergies fossiles qu’on utilise pour extraire et transformer tout cela en serveurs.
Outre les machines, il faut aussi construire des data centers, qui ont eu aussi un impact non négligeable: ciment, eau pour les batiments, énergie et eau pour refroidir les serveurs etc… Entre 2022 et 2026 la demande énergétique pour l’IA va doubler, et se situer entre la consommation énergétique d’un pays comme la Suisse et la consommation énergétique de l’Allemagne! Amazon annonce une augmentation de 30% de sa consommation en eau, à cause de l’IA. Microsoft en annonce 20%.

L’Intelligence Artificielle est aussi un pari pour résoudre ou nous aider à résoudre nos problèmes environnementaux.

-Florian Revaz

Laura enchaine en expliquant qu’en fait, tout est une question d’usage. Et pour en faire un bon usage, il faut se concentrer sur la compréhension de ce qu’est l’Intelligence Artificielle, à quoi cela sert, à quoi cela ne sert pas. Cela va permettre notamment d’avoir la prise de conscience suffisante pour se mettre en action sur la conception de modèles mathématiques ayant le moins d’impact possible. Il faut donc s’acculturer en faisant un premier projet d’IA. Cette acculturation est primordiale pour décider d’appliquer l’IA aux bons cas d’usage.

Les départements métier des entreprises considèrent souvent que l’IT est un blocker dans la mise en oeuvre de l’IA dans l’entreprise

-Laura Tocmacov

Sylvain ajoute que le risque est de voir se développer du « shadow IT » dans les départements métier. Il confirme qu’il y a déjà plein de projets d’IA qui sont menés « en douce » dans les grosses entreprises. La prolifération de ces projets aurait un impact extrêmement négatif sur l’environnement.

IA et éthique

Delphine questionne ensuite Laura sur les enjeux éthiques autour de l’Intelligence Artificielle, qui énumère 8 enjeux intéressants:

  • L’alignement des valeurs de l’IA avec les valeurs de l’entreprise
  • L’IA ne doit pas se faire au détriment de la planète
  • Les biais des modèles mathématiques et la non-diversité des données
  • Qui sont les formateurs de l’IA? L’IA doit représenter une diversité de personnes, ce qui implique qu’elle doit être formée par pleins de personnes différentes, par des données issues de plein de cultures différentes.
  • Quels sont les utilisateurs de l’IA? Eviter que l’Intelligence Artificielle ne soit que pour une élite seulement.
  • Qui décide de ce qui est juste et moral? Les Intelligences Artificielles sont construites et formées en très grande majorité par les géants nord-américains. Leur culture de puritanisme a engendré des Intelligences Artificielles qui censurent les nouvelles érotiques. Est-ce que la culture européenne se retrouve là-dedans? Avons-nous, européens, eu le droit de choisir?
  • L’Intelligence Artificielle et l’Open-Source: éviter la dépendance aux entreprises devenant plus puissantes que des états.

Delphine questionne ensuite les experts pour savoir si, au niveau des IA génératives, il y a des modèles plus éthiques, plus ouverts et plus transparents que les autres. Et incroyablement la réponse fut Facebook, ou plutôt Meta! Meta a construit son projet LLaMa en open-source, ouvert à tous. N’importe qui peut contribuer à le faire évoluter. Il est complètement gratuit.

Le mot de la fin

Nous devons être vigilant à ce que l’Intelligence Artificielle ne supplante pas la souveraineté numérique locale. Les règlementations arrivent, et notamment la loi européenne « IA Act » qui va mettre sous pression les entreprises dans leur manière de gérer cette technologie avec la possibilité de générer de très grosses amendes. D’ailleurs cette loi fait déjà peur à Apple qui a décidé de bloquer en Europe l’utilisation de l’Intelligence Artificielle embarquée dans le nouvel iPhone 16.
En Suisse, il y a des projets en cours pour la nano taxation sur l’utilisation de l’IA générative et ainsi rediriger les fonds vers les assurances sociales. Il sera intéressant de suivre de près ce projet!

Nous devons être vigilant à ce que l’Intelligence Artificielle ne diminue pas nos droits fondamentaux!

La phrase de clôture de cette table ronde résume bien le besoin d’acculturation dont nous avons besoin sur cette nouvelle technologie: Le pouvoir c’est la connaissance!

Décarboner votre chaîne de valeur

Table ronde animée par Stéphanie Fontugne (Boost Partners) avec Raphael Doudet (AKTIO), Benoit Chambourdon (My company CO2) et Matheo Grillet (Veracy)

Photo table ronde Outils

Stéphanie nous a fait une longue et interessante introduction mettant en avant le besoin de changer, le besoin de reprendre le contrôle sur nos actions pour le bien de la planète sur laquelle nous vivons. J’ai fortement apprécié cette introduction. En revanche, les différents outils existants pour décarboner la chaîne de valeur et comment les choisir est un sujet bien trop orienté « outils » à mon goût.

Je retiendrais cependant trois choses de cette table ronde:

  1. il y a pléthore d’outils sur le marché de la décarbonation comme le montre la photo ci-dessous.
  2. les principaux critères de sélection d’un outil sont: la taille de l’entreprise (PME, ETI, GE), le prix de la solution et le niveau d’expertise sur le sujet pour utiliser pleinement l’outil
  3. les efforts des éditeurs de logiciels portent principalement sur la simplicité à récupérer les données. La génération des rapports réglementaires n’est plus tellement un moyen de différentier ces solutions.
Photo liste d'outils de décarbonation

Quand je compare ces solutions à des « niches players » sur le Green IT, ne mesurant donc que l’impact numérique mais sur bien d’autres indicateurs que le seul carbone, je trouve que ces éditeurs ont pris du retard sur la capacité d’aide à la décision et à la mise en action qu’ils offrent. Seul Benoît n’a pas arrêté de marteler ce message: un bon point qui m’a gravé le nom de sa solution Odoo dans ma tête.

Conférences

Les impacts RSE du numérique en pratique

Conférence animée par Hélène Levrault de l’entreprise Verdikt

Photo Conférence Verdikt

Après une rapide présentation de son entreprise Verdikt, Hélène souhaite nous partager trois différents retours d’exprience sur la mise en place de numérique responsable.

L’impact de l’IT sur la RSE dans une grande entreprise

Cette grande entreprise emploie plus de 80’000 personnes dans plus de 100 unités métier réparties à travers le monde. Cette entreprise est l’un des leaders du numérique responsable et souhaite s’améliorer et piloter ses impacts bien au-delà du simple carbone.

En trois mois, sur 20 unités métier, avec plus de 200’000 équipements informatiques et des millions d’usages Cloud, l’analyse de l’impact de l’entreprise a montré un score de 51/100, ce qui semble peu au premier abord, mais positionne tout de même l’entreprise dans le top 10% en termes de maturité, avec moins de 500 kg CO2 équivalent par employé.

Cette analyse de maturité a eu comme bénéfices de:

  • faciliter le parrainage des dirigeants et l’engagement des collaborateurs;
  • identifier les priorités à adresser;
  • identifier les optimisations de coût possibles

Les prochaines étapes pour cette entreprise sont:

  • définir une stratégie pour la mise en oeuvre des plans d’actions
  • étendre l’approche aux autres unités métier
  • automatiser la collecte des données et le monitoring.

L’impact des produits numériques sur la RSE

Le responsable du département Digital factory d’une entreprise de plus de 160’000 employés, implantée dans plusieurs pays dans le monde, et ayant plus de 1’000 applications dans son portefeuille souhaite faire un audit multidimensionnel pour avoir des recommandations actionnables et se conformer aux cadres règlementaires.

En 3 mois, Verdikt a analysé deux applications web, gérées par une équipe distribuée dans le monde, ayant au total 15’000 utilisateurs par mois.
L’analyse de l’impact de l’entreprise a montré un score compris entre 40 et 60, une application plus proche de 40 et l’autre plus proche de 60. Verdikt a fournit environ 170 recommandations pour améliorer l’impact environnemental de ces deux applications.

A la mise en oeuvre du plan d’actions, l’équipe a pu diminuer l’impact de ses applications web de 30% environ, en gagnant 20 points sur le score de maturité, les faisant passer dans le top 1%.

Les prochaines étapes pour l’entreprise sont de:

  • passer à l’échelle l’approche sur la totalité des applications du portefeuille sous gestion
  • former les employés au développement durable
  • monitorer les objectifs à atteindre

L’impact des projets informatiques sur la RSE

Pour ce troisème et dernier retour d’expérience, Hélène nous parle d’un CIO d’une entreprise de 50’000 employés gérant 100 projets de plus d’un million d’euros. Le CIO souhaitait évaluer et comparer des scénarios sur tous les types de projet. Pour cela, Verdikt a évalué 3 projets pilote de plus de 5 millions d’euros pendant 3 mois:

  • un projet de remise en état de sytèmes industriels
  • un projet de stratégie de l’espace de travail numérique
  • un projet de digitalisation d’un processus métier.

L’analyse a pu fournir l’évaluation de l’emission des projets en tCO2 équivalent. Les chiffres n’ont pas été fournis ici.

De l’analyse, l’entreprise a pu mettre en place un nouveau KPI de type RoE, Return on Environment, que tous les projets doivent évaluer avant de se voir accorder le financement pour les lancer.

Sur cette conférence, j’ai trouvé intéressant de voir sur quels sujets les entreprises s’appliquent à vouloir diminuer l’impact environnemental de leurs activités. Par contre j’ai trouvé dommage de survoler ces trois cas. On reste trop sur sa faim. J’aurai préféré une seule présentation, plus détaillée, avec la participation de l’entreprise l’ayant réalisée.

Concilier innovation et durabilité

Conférence animé par Estelle Veille, Lydia Allet et Thibault Couhin de Collaboration Betters The World

Photo Conférence CBTW

Lydia et Estelle nous ont présenté quelques pratiques visant à réduire l’impact environnemental des projets afin de pouvoir concilier innovation et durabilité. Cette liste d’actions est un extrait de la check-list d’éco-conception mise à disposition par le collectif GreenIT.fr, et de l’excellent livre de Frédéric Bordage « Eco-conception Web: les 115 bonnes pratiques ».

Lydia nous introduit les 115 leviers d’éco-conception, en les classant par ordre de priorité et par métier:

  1. Spécification: 1er levier pour limiter l’impact, et la bonne nouvelle c’est qu’il n’y a que 5% des pratiques de la check-list pour s’améliorer!
  2. Conception UX/UI: 2ème levier avec déjà plus de pratiques à mettre en oeuvre (24%).

Les leviers d’éco-conception s’appuient pour les 2/3 sur les phases amont de la construction d’un acte métier (spécification, conception fonctionnelle, conception technique). Le 1/3 restant se répartit à hauteur de 2/3 pour l’hébergement et 1/3 pour l’implémentation. L’éco-conception n’est donc pas seulement une histoire de développeur comme on pourrait le croire!

  1. Implémentation technique: 62% des pratiques aident à améliorer cette phase.
  2. Hébergement: 5% des pratiques.
  3. Marketing/Analytics: 4% des pratiques.

CBTW préconise de faire des efforts sur les points suivants:

  • La conception éco-responsable des logiciels
  • L’optimisation et la gestion des déchets électroniques
  • L’optimisation de l’infrastructure Cloud et des data centers

La conception éco-responsable des logiciels

Pour cela CBTW nous invite à:

  • mettre en place des phases de Product Design servant à identifier les fonctionnalités réellement nécessaires, évitant ainsi le développement superflu qui consomme des ressources inutiles
  • opter pour une conception modulaire et évolutive qui vise à assurer que les systèmes soient flexibles, facilement adaptables et capables de s’adapter aux changements futurs
  • optimiser les ressources et les contenus pour améliorer les performances et l’efficacité des solutions et leur empreinte carbone
  • optimiser le code pour améliorer l’efficacité, la rapidité et la maintenabilité du code, tout en l’optimisant pour garantir les meilleures performances possibles sur un large éventails d’appareils.

L’optimisation et la gestion des déchets électroniques

Pour cela CBTW nous inviter à:

  • acheter de manière responsable en privilégiant le matériel adapté aux besoins, certifié écologique, reconditionné si possible, et facilement réparable
  • louer ou mutualiser les machines pour les besoins temporaires (ex: rentshop.ch ou liverental.ch)
  • se débarasser du matériel fonctionnel en le donnant à Emmaüs, Caritas ou bien encore Vidéologic
  • se débarasser du matériel non-fonctionnel en le déposant chez Swico qui viendra le chercher gratuitement pour au moins 250kg d’équipement.

L’optimisation de l’infrastructure Cloud et des data centers

Pour cela CBTW nous invite à:

  • Adopter des techniques d’éco-conception en priorisant le traitement des données en local, en mettant en place des architectures légères et des algorithmes performants
  • Choisir le Cloud comme stockage, comme AWS ou Azure, à condition que l’hébergement se fasse dans un Data center avec un faible PUE (Power Usage Effectiveness) et consommant une énergie bas carbone
  • Intégrer l’éco-conception dans la politique de l’entreprise en développant une stratégie RSE dédiée, et en mettant en place des KPI verts, des suivis et des audits.

Pour aller plus loin, je ne peux que vous conseiller de télécharger la check-list complète, d’acheter le livre « Eco-conception Web: les 115 bonnes pratiques » de Frédéric Bordage, voire même de participer au projet open-source du collectif dont les sources sont disponibles sur GitHub.

Laisser un commentaire

  Edit this page